Le calvaire du Chemin

En état alarmant, le calvaire du Chemin attend d’être sauvé !

Témoin d’un savoir-faire bourguignon exceptionnel, sa rareté lui a valu d’être classé monument historique en 1984.

Son état alarmant impose une restauration d’urgence. Créée en 2013 pour le sauvegarder, l’association pour la protection du patrimoine d’Anthien (A.P.P.A.) a presque réuni les fonds nécessaires. De son coté, la municipalité a formellement validé le projet : 2024 devrait enfin voir sa restauration démarrer.

En ce début d’année, tous les regards sont maintenant tournés vers la mairie qui doit lancer le projet, et vers l’architecte chargé de le mettre en musique, une fois sollicitée – et obtenue – l’autorisation de la DRAC de lancer le chantier.

Nous espérions voir la commune voter le projet dès le début de l’automne afin que la Drac de Dijon puisse à temps autoriser le chantier et que celui-ci démarre début 2024.
Hélas ce vote est intervenu plus tard, trop tard pour obtenir un accord et démarrer le chantier dès le début de cette année.
Nous sommes maintenant dans l’attente de ce fameux accord sans lequel, comme on le sait, aucune intervention sur un monument historique n’est possible.
Un ennui n’arrivant jamais seul, nous risquons de perdre le bénéfice des 12.000 € d’aide accordés par le Département fin 2022. Cette aide était échue en décembre dernier mais nous avions obtenu qu’elle reste valable jusqu’en juin 2024. Sera t’il encore possible d’en bénéficier ?

La Croix du Chemin (en réalité, un calvaire du fait de ses sculpures) a déjà toute une histoire

Ce calvaire de 1756 a été érigé au village du Chemin sur l’ancienne voie romaine qu’emprunte là le chemin de Compostelle dont il marque la 1ère étape sur la voie partant de Vézelay.

Il est l’oeuvre d’un tailleur sculpteur de pierre de grand talent (Boisdot ou Caveron, on ne sait, car l’œuvre n’est pas signée).

Une fois terminé, ce monument devait tout naturellement  rejoindre la collégiale de Varzy où son commanditaire était chanoine.

Hélas, celui-ci disparaissait avant que soit terminé l’édifice. Et le calvaire est resté sur place… à la grande satisfaction des habitants.

Ceux-ci voyaient ainsi la place de leur village ornée d’un véritable chef d’oeuvre dont le rayonnement, amplifié par le bouche à oreille des pèlerins, rejaillissait sur tout le pays.

Mais ce rayonnement faillit tourner court, car moins de 40 ans plus tard, l’existence du calvaire était menacée par une bande d’enragés.

Menée par un certain Danzy, des révolutionnaires venus de Corbigny avaient en effet décidé de l’abattre. Mais c’était sans compter sur la détermination des habitantes, les paysans  étant dispersés dans les champs. Celles ci, instantanément mobilisées se massèrent au pied du calvaire armées de fourches repoussant les intrus au son des cantiques, si l’on en croit la mémoire locale.

Leur détermination sauva le monument. Ce calvaire tombé du ciel entrait de plain-pied dans l’Histoire du pays.

 

Une restauration indispensable à sa sauvegarde

Aujourd’hui, c’est par les éléments naturels que le monument est à nouveau menacé.

En effet ce magnifique calvaire est en danger : il s’est incliné, sa colonne se lézarde, les tiges de fer en rouillant ont fait éclater la pierre, sa croix est détruite et les magnifiques bas et hauts reliefs du piédestal sont usés par l’érosion, la mousse et les lichens.

L’ensemble du monument doit donc être démonté, reposé sur de nouvelles fondations, traité, certaines parties comme la croix devant même être refaites…

Le calvaire est très dégradé

Ses sculptures en font un monument exceptionnel

À son sommet, le calvaire comporte une croix qui porte, dos à dos, les sculptures finement ouvragées du Christ et de la Vierge à l’Enfant.

Plus bas, on peut voir sur le piédestal les représentations suivantes, sculptées en bas et haut relief:

  • des quatre évangélistes Mathieu, Luc, Marc et Jean,
  • des Saintes Femmes – des scènes de la Crucifixion (face Ouest), de la flagellation (face Sud), de la présentation du Saint Sacrement par deux anges, sous la forme d’un ostensoir posant sur un autel (face Nord), et enfin les clefs de St Pierre figurant les armes de la Papauté (face Est),
  • sans parler d’une belle Pietà et de nombreuses autres sculptures.

 

Son rayonnement justifie les efforts accomplis pour le sauver

Sans parler des habitants du pays pour lesquels il est un but de promenade, le calvaire voit passer chaque année à ses pieds une multitude de pèlerins et de randonneurs, seuls, en groupe ou en famille, unanimes à l’admirer.

De fait c’est l’un des éléments – et lequel ! – constitutifs de l’identité locale, au même titre que le bâti traditionnel, les murets de pierres sèches, les lavoirs, les puits…

Si pour certains de ceux qui la contemplent  »cette croix élève l’âme », pour tous, la richesse de ses décors fascine. Gageons qu’elle les fascinera bien plus encore une fois restaurée.

A travers sa sauvegarde, ce que vise l’APPA, c’est bien de sensibiliser chacun au patrimoine légué par les anciens, un patrimoine dont certains aspects nous sont tellement familiers qu’on ne les remarque plus, ce qui leur fait courir le risque d’être laissés pour compte…

Restauré, ce monument pourra retrouver tout son rayonnement, valorisant par ricochet les autres richesses de nos paysages.

Le calvaire du Chemin, plus qu’une simple « croix de chemin »

La croix du Chemin, par son ornementation très travaillée, se distingue des nombreuses ’croix de chemin’’ au décor plus simple.

Apparues des la fin de l’empire romain, ces croix se multiplièrent à partir de 1095 précisément au moment où l’Eglise décréta que ceux ceux qui se réfugiaient  »à l’ombre des croix » bénéficiaient du droit d’asile. Cet asile était sacré ; le violer faisait encourir la damnation éternelle. La menace portait, la plupart du temps.

On trouve des croix de chemin dans les villages, aux carrefours ou le long des chemins de campagne. Certaines d’entre elles sont  le lieu de dévotions particulières. L’une des traditions qui leur sont attachées veut que les bergères sur le chemin des champs y déposent un bouquet de fleurs ou y accrochent un rameau de genêt, à titre d’invocation protectrice.

Ces croix  servent encore bien souvent de point de repère.